Thursday, June 29, 2006

INCIDENCE DE L’ÉCONOMIE CHINOISE SUR L’ÉCONOMIE DE L’AMÉRIQUE DU NORD

Lentement, solennellement, Napoléon a tracé de l’index le contour d’un vaste pays sur une carte du monde et a dit de ce « géant endormi » : « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera ». Cette phrase prophétique prend tout son sens aujourd’hui. La Chine est bien réveillée, sur le plan économique et sur le plan stratégique. Sortie indemne de la crise financière de l’Asie orientale et de l’épidémie de SRAS, l’économie chinoise affiche une progression inégalée sur la planète qui l’a fait passer au sixième rang dans le monde en termes de PIB. En 2003, la Chine était la seconde économie du monde, tout de suite derrière les États-Unis et affichait le taux de croissance le plus élevé de tous les grands pays, sans parler du fait qu’elle a été accueillie à bras ouverts au Conseil général de l’Organisation mondiale du commerce, après sa transformation d’usine du monde en marché du monde.

C’est une réussite à double tranchant. Du haut de sa puissance économique, la Chine défie l’Amérique du Nord sur le plan économique. C’est un peu comme si elle disait : « Faites comme nous ou c’est nous qui vous dicterons votre conduite! ». Il suffit d’observer avec quelle lenteur l’Amérique du Nord répond à ces défis et l’agilité croissante de la Chine en matière économique et politique pour savoir qui occupera le bureau du coin dans l’économie mondiale de demain. L’avenir appartiendra à l’économie qui saura fournir à ses travailleurs toute l’étendue et la profondeur de la formation scientifique nécessaire dans le nouveau milieu du travail. L’élue recevra une partie des fruits de la nouvelle richesse. Une économie lente à bâtir sa capacité scientifique et technologique c’est une économie qui ne connaît pas le remède aux ajustements structurels constants qu’exige la mondialisation.

La contestation par la Chine de l’influence économique et stratégique de l’Amérique du Nord commence à peine à se dessiner. Il faudra à celle-ci encore des dizaines d’années avant de rejoindre l’Amérique du Nord sur le plan technologique et sur le plan de la gestion.

Pour comprendre l’incidence, au niveau mondial, de l’émergence de la Chine en tant que grande puissance économique, il faut savoir que la répartition de la main-d’œuvre mondiale à la fin du dernier millénaire était très artificielle. L’isolement volontaire de la Chine a empêché le cinquième de la race humaine de participer vraiment aux systèmes mondiaux de commerce et d’investissement. C’est pour cette raison que l’intégration accélérée de la Chine à l’économie mondiale amorcée au milieu des années 1990 a entraîné une vague de délocalisations en Chine d’industries à forte intensité de main-d’œuvre.

La transformation de la Chine en superpuissance industrielle a entraîné la marchandisation de presque tous les produits qui peuvent être fabriqués de nos jours. La concurrence de la Chine, avantagée par de faibles coûts de revient, a fait baisser considérablement les prix des biens vendus dans le monde, notamment en Amérique du Nord, où les profits reculent.

La partie ne se joue pas à armes égales. La Chine ne fait pas grand-chose pour endiguer les violations de brevet et de droit d’auteur qui contribuent à la production de copies bon marché des produits de ses concurrents. Elle sait aussi s’y prendre pour obtenir des transferts de technologie qui aideront son industrie à se développer.

La réponse de l’Amérique du Nord est loin d’être exemplaire. Les sociétés transnationales jouent un rôle clé dans la mondialisation de l’activité économique. Le commerce international, l’investissement étranger direct et les ventes des filiales étrangères en Chine augmentent beaucoup plus vite que leur PIB. Une grande partie des échanges internationaux des transnationales interviennent entre divisions d’une même multinationale (échanges internes) et non entre sociétés indépendantes l’une de l’autre. La localisation des activités économiques des transnationales locales et étrangères est de plus en plus tributaire de la conjoncture économique et politique, des mesures fiscales et des encouragements à l’investissement. Autrement dit, les transnationales se préoccupent de moins en moins des conséquences de leur comportement.

Les Nord-Américains ne pourront plus très longtemps vivre dans une région vouée au libre-échange et par conséquent moins portée au protectionnisme. Les Chinois ont su contrer cette éventualité et s’assurer un accès à leur plus gros marché d’exportation et alimenter ainsi le moteur de leur croissance. L’adhésion de la Chine à l’OMC empêche les États-Unis de décider impulsivement et unilatéralement de remplacer les approvisionnements économiques en provenance de la Chine en suspendant la Permanent Normal Trade Relations Act et de relever les droits de douane sur les importations en provenance de la Chine. L’adhésion de la Chine à l’OMC rehausse la fiabilité de la Chine comme fournisseur régulier des marchés d’Amérique du Nord.

Les fabricants nord-américains de produits à forte intensité de main-d’œuvre destinés à la vente sur les marchés intérieurs, des économies où les revenus sont élevés, diminuent maintenant leurs frais de gestion en réduisant la diversification géographique des unités de production. Une partie croissante de la production est maintenant localisée en Chine parce que les coûts de main-d’œuvre y sont moins élevés que dans les quatre grands de l’ANASE [Indonésie, Malaisie, Philippines et Thaïlande].

Les compagnies nord-américaines doivent se concentrer davantage sur les services à valeur ajoutée de la chaîne d’approvisionnement mondiale – conception, service après-vente, design, conception simultanée, ainsi que financement et assurance de la qualité. Pour exploiter les possibilités que présentent les marchés émergents et soutenir la concurrence de la Chine, l’Amérique du Nord doit forcer sur l’innovation et la productivité en investissant dans la recherche-développement, la fabrication et le génie, le capital humain et la révision des réglementations.

En bout de ligne, la seule manière pour les fabricants d’Amérique du Nord de soutenir la concurrence et demeurer rentables consiste à offrir un produit différencié – répondre aux besoins des clients par une spécialisation, une conception et un service fonctionnels à un degré que personne d’autre n’offre.

Le potentiel de croissance de la Chine et son savoir-faire économique laissent présager une hégémonie future. L’orientation future de la Chine, le rythme des réformes et de la restructuration des institutions et une bonne partie de l’activité du secteur privé dépendent de l’action du Parti communiste, guidé par ses dirigeants de Pékin. Le défi pour la Chine consiste à créer 20 millions de nouveaux emplois par an rien que pour empêcher le taux de chômage d’augmenter. La Chine n’est pas en mesure d’employer du capital local pour créer davantage d’emplois dans le secteur privé, la demande de produits de consommation grimpe en flèche et le système bancaire est inefficace : la Chine a un bon nombre de problèmes socio-économiques à régler. Tout montre qu’elle est en voie de le faire.

Les extraordinaires résultats économiques et commerciaux de la Chine ont modifié les rôles de l’État et du secteur privé dans ce pays qui s’ouvre à l’économie de marché. L’expansion économique spectaculaire de la Chine est alimentée par des rentrées d’investissements étrangers directs considérables. Environ 60 % des exportations de la Chine vers le marché nord-américain proviennent de compagnies nord-américaines qui y ont installé des usines de production.

Une autre caractéristique de l’expansion économique de la Chine est l’importance des industries de haute technologie particulièrement dans les domaines de l’électronique et de l’informatique. La Chine n’est pas seulement une superpuissance industrielle, mais aussi un maillon des chaînes d’approvisionnement mondiales des fabricants. Elle n’est pas simplement un centre mondial de fabrication de produits bon marché à forte intensité de main-d’œuvre, mais elle est aussi devenue la source d’une demande importante de fournitures techniques évoluées à forte intensité de capital.

Pour les fabricants et les exportateurs d’Amérique du Nord, la Chine est une source de croissance commerciale, de même qu’un moyen de réduire les coûts de revient, d’améliorer l’efficacité de la chaîne de production, de stimuler les profits et de réduire les prix pour les clients. La Chine ne peut pas exporter en Amérique du Nord sans importer, mais cela exigerait une refonte complète des structures de production de l’est et du sud-est de l’Asie. Un thème sous-jacent s’impose : prospérité ou disette, mais pour qui?

L’arrivée de la Chine dans la fraternité économique par son adhésion à l’OMC ne fait pas que stimuler la sécurité économique. C’est un champ de force qui la protège contre les sorts que pourraient lui jeter la Permanent Normal Trade Relations Act des États-Unis et les nécromanciens du Congrès américain maîtres de son statut de nation la plus favorisée.

L’ascension de l’économie industrielle de la Chine continuera d’avoir des retombées de grande portée sur la logistique mondiale des biens et services et sur l’avenir du secteur manufacturier en Amérique du Nord. La Chine pose déjà d’importants défis aux entreprises et aux gouvernements de l’Amérique du Nord et à son économie dans son ensemble.

L’émergence de la Chine sur le plan des exportations et du PIB au-dessus des cinq économies développées d’Asie de l’Est [Hong Kong, Japon, Singapour, Corée du Sud et Taiwan] présente un important défi aux gouvernements d’Amérique du Nord; il y a la question du recyclage des travailleurs qui perdront leur emploi dans le secteur manufacturier au nom du libre-échange. Les fondements du gouvernement vont vaciller quand la volonté politique et la politique économique s’affronteront pour déterminer s’il faut imposer des mesures protectionnistes au lieu de financer des mesures d’adaptation pour aider les travailleurs des secteurs touchés.


Il est temps que l’Amérique du Nord se réveille! La montée de la Chine ne sonne pas le glas de la fabrication en Amérique du Nord. Elle entraînera sans doute une transition vers des opérations de transformation à plus grande valeur ajoutée et davantage d’emplois dans le secteur des services. Elle forcera une rationalisation des opérations des entreprises et stimulera l’innovation et la productivité. La concurrence de l’économie chinoise s’est intensifiée en Amérique du Nord et dans le monde entier. L’expansion rapide de l’économie chinoise présente des perspectives extrêmement intéressantes sur le plan du commerce et de l’investissement pour les entreprises américaines et élargit la palette des importations à des prix très concurrentiels. Cette expansion augmente parallèlement la concurrence sur les marchés d’exportation nord-américains.

La Chine grimpe rapidement dans la chaîne de valeur. Vu la mobilité des capitaux et des ouvriers spécialisés dans le monde, l’Amérique du Nord doit combler l’écart au chapitre de la productivité et des revenus pour attirer et retenir des activités à forte valeur ajoutée et générer un vigoureux cycle d’accumulation de capital, d’afflux des cerveaux et de forte croissance économique.

Les fabricants d’Amérique du Nord devront profiter des possibilités d’externalisation de leurs activités que présente la Chine de même que des possibilités d’exportation sur le marché chinois ou d’investissement et de fabrication en Chine. L’avantage concurrentiel des fabricants d’Amérique du Nord dépendra de la proximité de l’entreprise de ses clients et de ses rapports avec eux. Les compagnies capables de s’adapter rapidement jouiront d’un avantage sur le plan des délais d’exécution et de la personnalisation des produits et services.

Pour pleinement profiter de l’intégration économique avec la Chine, les économies d’Amérique du Nord devront surmonter des obstacles formidables et devenir des destinations très compétitives pour l’investissement, les travailleurs spécialisés et les activités à forte valeur ajoutée. Les entreprises devront réduire considérablement les coûts de transport, d’information et de communication, faire des progrès rapides au niveau des techniques de production, et faire de la prospection au niveau des marchés, des capitaux, du capital humain et des activités à forte valeur ajoutée à l’échelle internationale. Il est par ailleurs crucial que les gouvernements encouragent la conclusion d’ententes commerciales bilatérales, régionales et multilatérales pour permettre à l’Amérique du Nord de contribuer à sa manière à l’internationalisation de l’activité économique.

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Tuesday, June 13, 2006

To Sir With Contempt

Why aren’t there more radical teachers? Is it just the difficulty of being radical in a system built around compulsion, discipline, conformity, and reproduction of the class structure? Or is part of the problem the way that people become teachers?

As teachers did your professional education and employment push you to accept a role in which you do not make a significant difference, were you selected and molded to have politically and intellectually subordinate attitudes, thereby making your creative energies available to the system.

When did the idea of "assignable curiosity" come into fruition? When did they teach the use of exams, a powerful legitimating tool used to discriminate while still making it seem to be neutral? How was the nonpartisan exam system developed while actually imposing the values of the status quo? When was it that you learned to accept standard ideas about professional behaviour? Were you told there would be an ideological conformity you would have to subject yourself to?

Employed as a brain worker your work demands advanced degrees from accredited institutions, did it ever occur to you that you indoctrine students in the mysteries of skilled labour, in technical trades without critical thinknig, social conscience, or the will to resist. Does the lack of control over the political component of your creative work ever faze you? How do you accept the norms of your employers to function as semi-autonomous, self-directing workers?

Rooted in corporate capitalism founded on a heightened division of labor, you validate social-institutional hierarchies and legitimate your own place in them at the expense of others. You hold no monopoly on knowledge -- many non-professors know as much about your subjects -- but you act based on your own judgment to promote the establishment interests. You are constrained by law but in fact, more heavily controlled by hierarchically mandated, system-wide code of conduct.

Was it the higher income, status, improved working conditions and the capacity to choose more aspects of one’s work that motivated you to enter into this field of work? Did the institutional dominance redirect your work lives? Does promotion with professional ranks hinge on such work? Did creativity give way to perceived necessity? Do you ever notice your students become less idealistic and more exhausted from the work you assign to them? When did your socio-intellectual goals get replaced by selfish commitments to compensation and rising in one’s field?

Tell me more about the transformation from truth seeker to alienated knowledge worker seeking institutional advancement and not knowledge. What's it like to be a subordinate and disciplined mind engrossed in professional work.